Nous avons dit ceci à l’un de nos frères : " Tu irais à ta perte si, voyant apparaître la forme de ton ego, tu n’abandonnais pas sa maison et n’effaçais pas ses traces immédiatement. Or, cela consiste à lui faire endurer ce qui lui pèse jusqu’à finir par le tuer. En effet, le tuer permet au cœur de vivre, comme l’a dit l’un des Maîtres : "Le cœur ne saurait vivre tant que l’ego est en vie." Un autre a dit :
L’amour est une jeune mariée : sa dot, c’est l’ego,
Et le cœur ne peut vivre tant que vit l’ego.
Etc. "
Un autre frère nous a dit avoir frappé un juif, par vanité, injustice et despotisme. Nous lui avons alors lancé : " Ne frappe ni juif ni chrétien ni personne d’autre ; et si tu dois absolument frapper quelqu’un — c’est en fait inévitable —, alors frappe ton ego et applique-toi à le faire jusqu’à ce que tu le tues. Et ne le laisse surtout pas en vie ! "
Voilà comment j’aime que soient nos frères ! Car les vices abondent chez le discipledont l’ego est vivant. Le disciple dont l’ego est mort est à l’abri des vices (‘uyûb) et contemple les mystères (ghuyûb) : il est maître de l’ensemble des gens, qu’ils le veuillent ou non, et c’est Dieu qui le gratifie.
Nous vous recommandons instamment de toujours être propre, dans un état d’indigence, et de vous contenter de ce que vous avez. Mais en réalité, n’est réellement indigent que celui qui a tué son ego et connu son Seigneur. Sans cela, on ne saurait parler d’indigence. Se concentrer sur Dieu permet de Le rejoindre, mais se concentrer sur autre chose que Dieu amène à autre chose que Lui — que Dieu nous en préserve ! Car il ne peut y avoir quoi que ce soit en même temps que Lui : " Dieu était et il n’y avait rien avec Lui. " " Il est maintenant tel qu’Il était. "
Salut !
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